« Comment une pression physique peut-elle avoir une portée biologique? De nouveaux outils permettent enfin d’éclairer ce subtil mécanisme : relayé jusqu’au coeur de nos cellules, le massage est capable d’activer des gènes aux propriétés anti-inflammatoires…
Le massage est répandu dans le monde des sportifs. On connait son existence depuis l’Antiquité et, malgré cela, on n’arrivait pas à comprendre comment cette pratique pouvait avoir une portée biologique au niveau de nos cellules.
Des modifications avaient été observées au niveau de la température locale, des récepteurs sensoriels, des effets psycho-physiologiques, de l’élimination des toxines… Rien au niveau génétique jusqu’aux travaux de Mark Tarnopolsky du département de médecine de l’université McMaster au Canada : le massage active directement les gènes des cellules musculaires ! Des tests ont montré une différence importante au niveau musculaire. Dans les cellules d’une jambe massée, les molécules inflammatoires sont beaucoup moins concentrées, comparativement à celles d’une jambe non massée.
La pression exercée par les mains du masseur est détectée par des capteurs à la surface des cellules. La structure chimique des kinases (qui interviennent dans la transformation des messages mécaniques en messages biologiques) est modifiée. 
Début d’une longue chaîne d’étapes biologiques, qui vont jusqu’à l’activation de certains gènes. L’un d’eux, la nucléoporine 88, est intéressant pour son implication dans la diminution des mécanismes inflammatoires. Le massage a aussi une action sur les protéines impliquées dans la synthèse des mitochondries chargés de fournir de l’énergie aux cellules.
On sait depuis longtemps, que les actions mécaniques agissent sur la modification chimique de certaines protéines, mais « cela fait moins de dix ans que l’on a découvert qu’elles pouvaient aussi agir directement sur la transcription des gènes » dit Emmanuel Farge, chercheur au sein de l’équipe Mécanique et Génétique du Développement Embryonnaire à l’Institut Curie de Paris. Les travaux du chercheur Emmanuel Farge, puis de Mark Tarnopolsky, marquent un pas décisif dans la compréhension des effets du massage… « Et l’art des massages pourraient alors être élevé au rang de science…» »
Sources : Massage nos gènes adorent! Coralie Hancok, Science et Vie, n°1135, avril 2012